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Les tribulations de kasbonbon

À boire et à manger

Critique - Erik Truffaz: El tiempo de la revolución (Blue note)

Critique - Erik Truffaz: El tiempo de la revolución (Blue note)

Le temps de la révolution!

C'est sous ce titre, telle une accroche publicitaire "guévariste", que se présente le dernier album en date du trompettiste franco-suisse (non pas pour raisons fiscales mais "natales") et de son quartet.

Truffaz est depuis longtemps reconnu comme étant le fer de lance du nu-jazz, si ce terme veut encore signifier quelque chose lorsque l'on s'attaque à son oeuvre. Il est effectivement difficile de cataloguer sa musique protéiforme, tant elle recèle d'infinies richesses au détour de multiples collaborations (sly johnson, Sophie Hunger, Oxmo Puccino entre autres).

Ce coup-ci c'est la suissesse Anna Aaron qui couche sa voix feutrée sur le lit d'un quartet plutôt inspiré. Comme à l'accoutumée avec Erik, on va à l'aveuglette sur cet album que l'on pourrait qualifier de "pop-jazz", tant il fait le grand écart entre morceaux instrumentaux et popsongs envoûtantes.

Les trois titres interprétés par la miss Aaron (Blue Movie, A better heart, Blow away) s'insèrent avec beaucoup de grâce dans la continuité de cet opus, venant tirer de sa léthargie une oreille habituée aux aux "trucs" de Truffaz.

Car il est vrai que ce n'est peut-être pas le disque le plus aventureux de sa carrière, mais le savoir-faire est là. Cette apparente simplicité, qui s'épanche même sur le jeu de Marc Erbetta (d'ordinaire prompt à la tension propre au drum'n bass), parcoure l'album. Plus que jamais,la trompette de Truffaz est organique, rarement on aura autant senti la continuité entre le souffle et l'instrument , l'expression de son être (Un souffle qui passe).

Il ne délaisse pas pour autant les morceaux plus funky comme Mr. K (avec un Marcello Giuliani magnifique), ou plus "lounge" (oui le mot est lâché) avec La luna mentirosa et son clavier pour le coup... lunaire. C'est peut-être dans ces cas là que l'on sent que le quartet est en vitesse de croisière, on retrouve quelques tics des précédents disques. Ça n'est pas désagréable pour autant puisque l'on reste quand même dans le haut du panier du jazz actuel, mais les habitués ne seront pas pris à revers.

Erik Truffaz nous propose une aventure à multiples facettes qui arrivera toujours à nous émouvoir par ses mélodies et sa production parfaite, mais qui n'est sûrement pas la révolution que laissait entrevoir le titre. Il reste une belle porte d'accès à son univers pour tous les néophytes rebutés par l'étiquette "jazz".

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