Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Les tribulations de kasbonbon

À boire et à manger

Daft punk-Random Access Memories (Columbia records)

Daft punk-Random Access Memories (Columbia records)

Qu'il est dur de faire une review sur un album aussi ancré dans le passé que l'est ce Random Access Memories (RAM pour ceux du fond qui doutent encore du subtil acronyme utilisé par les deux robots).

En ces temps où l'industrie du disque s'échine à rendre hommage au moindre artiste "essentiel" -oserai-je citer les produits estampillés goldman et autres chanteurs français cinquantenaires, chantés par la nouvelle génération- non!

Car il est vrai que ce disque se pose à la croisée des chemins, à une époque où les outils de création disponibles permettent à la musique de s'affranchir de l'aide sacrée des maisons de disque. Le duo e-versaillais a décidé de prendre à contre-pied cette mode (et de prendre aussi à contre-pied leur manière habituelle de fonctionner), et de rendre un hommage bien ancré dans le présent aux artistes qui les ont guidé jusqu'à leur succès.

J'ai toujours pris parti d'appréhender l'ensemble de la discographie d'un artiste, plutôt que de juger l'oeuvre indépendamment. Je pense qu'il est important, pour cet album, de voir à quel point il représente un constat ou un marchepied vers le futur de Daft Punk.

Exit donc l'album fait dans l'appartement, l'enregistrement de RAM s'est fait dans la capiton des studios d'electric lady à New York (entre autres), exit aussi l'utilisation de machines à outrance; place aux musiciens pros. Et je me dois dès à présent saluer la production sublimissime de l'album (oui j'ai bien dit sublimissime), c'est là que l'on reconnaît la patte des grands. Le son est travaillé avec une précision d'horloger, sans avoir ce côté froid des albums 80's. Une chaleur perceptible qui vous pénètre l'oreille interne pour se graver dans votre néocortex, à l'image du splendide Touch (déjà qualifié de "Bohemian rhapsody" made in DP).

Car la musique c'est ça aussi, le travail du son. En sortant du tout electronique, les DP montrent avant tout qu'ils embrassent toute les formes de création musicale, et qu'ils travaillent en bonne intelligence avec les multiples collaborateurs de cet album.

Le risque était là, une suite de featuring dénaturant leur style. Même si la variété des titres est impressionante, il y a une forme de cohérence dans la texture et dans l'adn (ou le code, selon le point de vue) de cette oeuvre. Dès le premier titre Give Life Back to Music, on se dit que l'album lorgnera vers le déjà classique (mais tué par l'ultra diffusion radiophonique) Get lucky... Que nenni! Des morceaux tels que le mélancolique The Game of Love, Within ou Beyond, ravivent le côté éternellement désabusé des frenchies et leur thématique favorite, les machines ont-elles un palpitant?

Le point culminant de l'ensemble étant vite atteint, dès la troisième piste (l'ébouriffant Giorgio by Moroder, une perfection disco-rock prog), on est surpris de toujours se retrouver face à un titre complètement différent.

On passe de la synth/pop, avec un usage maîtrisé du vocoder rappelant certains morceaux de mike oldfield (l'entêtant Doin' it right), au funk le plus lourd (Lose yourself to dance et son enchevêtrement vocal très maîtrisé) et au rock/funk Californien de type Steely dan (le tubesque Fragments of Time).

RAM multiplie les prises de risque, certes pas aussi extrêmes que sur Human after all (2005), mais c'est là que l'auditeur qui s'attend à taquiner le dancefloor sur un disque de DP peut se sentir lésé. Les Daft punk renoncent-t-ils à leur statut de DJ sur RAM?

Sûrement, mais parce que daft punk est une entité plus profonde faite d'une somme d'influences dépassant largement la house. C'est ce côté extremiste qui a aussi fait leur succès; malgré la promotion "too much" de Columbia sur ce dernier disque, ils n'ont jamais fait les choses pour faire plaisir à la masse quoi qu'on en dise. Et il est peu surprenant de voir que cet album divise les fans mais rassemble quand même les critiques musicaux.

Tout est question d'ouverture, et il ne faut pas douter que ce disque est un tremplin vers un futur certainement plus novateur et moins évident, en somme un regard bienveillant vers le passé.

RAM est un summer album à écouter au volant d'une décapotable sur sunset blv (ou au volant d'une deuche sur la Canebière), on se dira que pour danser, il reste l'album de Will I Am ;p

Track list:

1. "Give Life Back to Music" (featuring Nile Rodgers)

2. "The Game of Love"

3. "Giorgio by Moroder" (featuring Giorgio Moroder)

4. "Within" (featuring Chilly Gonzalez)

5. "Instant Crush" (featuring Julian Casablancas)

6. "Lose Yourself to Dance" (featuring Pharell Williams and Nile Rodgers)

7. "Touch" (featuring Paul Williams)

8. "Get lucky" (featuring Pharrell Williams and Nile Rodgers)

9. "Beyond" (featuring Paul Williams)

10. "Motherboard"

11. "Fragments of Time" (featuring Todd Edwards)

12. "Doin' It Right" (featuring Panda Bear)

13. "Contact"

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article